LES BESOINS FONDAMENTAUX DE L'ÊTRE HUMAIN

 

On peut classer les besoins en différents groupes :

- besoin de sécurité, de protection, de justice (à relier au senex)

- besoin de liberté, d'indépendance, d'autonomie, d'exprimer ses compétences (à relier à une dimension symbolique masculine)

- besoin d'exprimer sa créativité (à relier au puer)

- besoin d'affection, de partage, échange, relation à l'autre, compassion (à relier à une dimension symbolique féminine)

- besoins spirituels :  ce qui est relatif à l'esprit, favoriser une croissance de la conscience par  la libération des peurs et des vieux schémas,  le processus de transformation intérieure avec le travail psychologique sur notre part d'ombre, sur notre propre sécurité intérieure avec en particulier l'acceptation de la mort, la maîtrise de soi, la capacité à se détourner des stimulus extérieurs et des désirs superflus (le contentement, mettre un frein à une volonté de croissance indéfinie dans un monde fini) pour développer les qualités de l'esprit (comme les six vertus en psychologie positive), la conscience de soi, la compréhension du fonctionnement de notre esprit (l'écologie intérieure, l'écologie de l'esprit) et celui d'autrui, l'accomplissement personnel, le développement des qualités de connaissance et de sagesse (antidote à l'Ubris) ainsi que des qualités d'ouverture à l'autre, d'amour et de compassion (Agape),  le travail sur la relation de couple, sur la relation entre le masculin et le féminin, sur des dynamiques opposées (liberté / fusion), une réorientation du désir sur la reliance à la beauté, aux arts, à la nature (et donc le respect de l'environnement), le spirituel, l'aspiration à une éthique de vie et à vivre dans une société éthique,  la quête de sens, le sens de l'existence, ou encore la reliance au sacré (à relier à l'archétype mercure dans son côté lumineux). Par ses travaux sur la philosophie antique, Pierre Hadot a bien montré comment la vie philosophique exige un constant travail sur soi au travers d'exercices spirituels destinés à actualiser les préceptes philosophiques dans la réalité vécue. Cette dimension est une part de l'héritage grec au même titre que la démocratie. On retrouve des considérations similaires dans le bouddhisme. On peut se référer par exemple aux  14 entraînements à la Pleine conscience selon le Maître Bouddhiste Zen Thich Nhât Hanh, en vue d'une  aspiration à la paix et à un bonheur véritable.

Répondre à l'ensemble des besoins, sans négliger les besoins spirituels, s'inscrit dans le cadre du processus d'individuation afin de vivre en harmonie avec soi, avec son entourage, les autres, la société, et avec son environnement, dans la perspective d'un développement vertueux de nos sociétés. Cela nécessite une redéfinition des objectifs généraux de la société, définir également quels secteurs d'activités doivent bénéficier d'une croissance ou d'une décroissance (en fonction de leurs impacts écologiques, de principes éthiques....), mais aussi comment, dès l'école, faire en sorte de développer des compétences psycho-sociales pour à terme favoriser une croissance de la conscience et développer les qualités et les vertus de l'esprit. A titre d'exemple, l'économie bouddhiste présente une approche économique holistique qui intègre la durabilité, la prospérité partagée et la compassion dans un système économique qui offre une vie confortable et significative à tous les individus tout en protégeant l'environnement.

On pourrait extrapoler les besoins d'une population au niveau d'un pays : 

- besoin de sécurité en terme de santé, d'alimentation, de la défense, d'une justice indépendante....

- besoin d'autonomie (par exemple en terme alimentaire et sanitaire)....

- besoin de développer la recherche pour améliorer les connaissances ou les conditions de vie....

- besoin de vivre en paix et de développer des relations harmonieuses avec ses pays voisins....

- besoin de donner du sens, par exemple, dans quel type de société voulons-nous vivre, quel sens donner à la construction européenne (ce qui impliquerait théoriquement des débats citoyens à l'échelle locale, et un referendum). Dans le rapport Herman, on peut noter que l'Union avait pour objectif, en particulier, de favoriser l'épanouissement culturel et spirituel de ses peuples dans le respect de leur diversité. 

Nos sociétés occidentales sont basées sur l'individualisme, le mythe du progrès, l'addiction à la consommation, la  religion du marché avec son avidité du profit, l’avidité de consommation, la multiplication des besoins matériels, la recherche d'une accumulation de biens et de richesse,  l'attachement aux biens et à la richesse, l’illusion d'un bonheur et d'un accomplissement personnel par le profit, ou  encore la recherche d 'une volonté de pouvoir (renommée à l'échelle individuelle, volonté impérialiste pour des Etats) ou de prédation. Le modèle Occidental s'affranchit des lois de la nature, de toute instance de régulation, et occulte totalement la dimension spirituelle. Il tente même de l'éliminer par une quête scientifique de l'immortalité (croyance en l'existence d'un bonheur permanent et durable qui ne puisse être détruit par la mort) au travers des supposés progrès à venir de la génétique et de l'intelligence artificielle : ce que l'on appelle le transhumanisme (qui s'inscrit dans le monde qui se meurt et tente de rester dans le paradigme de la seconde mutation au lieu d'accompagner la troisième mutation). C'est une évolution logique (dans le sens de l'Ubris) du consumérisme car la mort est considérée comme un obstacle à une jouissance durable des biens possédés. Cette évolution logique (toujours dans la logique de l'Ubris et d'un matérialisme poussé à son extrême) ne peut se faire qu'au prix d'un accroissement considérable des inégalités entre une minorité d'ultra riches (voire des Homo Deus selon Yuval Noah Harari) et le reste de la population avec des individus de plus en plus vulnérables et asservis. 

La médecine occidentale occulte également les besoins spirituels, sauf en situation de fin de vie ! En effet, ce n'est que dans les soins palliatifs où l'on parle de la prise en charge d'une souffrance globale avec ses quatre dimensions, physique, psychologique, sociale et spirituelle. 

Alors que l'Union européenne a théoriquement pour but de promouvoir le bien-être de ses peuples, en réalité, elle ne répond pas aux besoins de la population. Pire, elle porte même atteinte aux besoins élémentaires de sécurité (insécurité alimentaire, énergétique, guerre, dégradation du système de santé avec perte de chances de soin, dégradation du système éducatif...), et elle détruit les liens sociaux (avec par exemple la logique vaccinale exclusive lors de la crise de la Covid 19 accompagnée d'une stigmatisation des non vaccinés sans fondement scientifique, ou l'incitation à délation pour toute prise de position hors pensée unique). 

En ces temps de déliquescence, nous avons une responsabilité individuelle pour apprendre à développer notre sécurité intérieure, nous relier à une éthique et à des valeurs, à ce qui fait sens pour soi, à la beauté, pour développer la cohésion de la société, pour faire preuve d'esprit critique et de discernement quant aux décisions et actions d'un gouvernement en se demandant si ce dernier légifère dans l'intérêt de la population, est incompétent ou agit avec une volonté de nuire (ce qui pour beaucoup reste de l'ordre de l'impensable). Ce travail sur soi est nécessaire pour accompagner nos sociétés vers la troisième mutation.

La crise de la Covid 19 met clairement au jour le choix actuel entre

- un modèle occidental qui se meurt : Ubris, prédation, corruption, mensonge, pathocratie, évolution vers une société de contrôle, une déshumanisation, un transhumanisme sur une base biopolitique

- un monde possible à venir en lien avec  une troisième mutation : démocratisation des institutions, humanisation des sociétés déclinée sur un mode psycho-socio-politique (à relier aux  « trois écologies » ), polycentrisme, prise en compte par les politiques publiques de l'ensemble des besoins d'un individu et de la société pour un développement vertueux.


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