PROMOTION D'UNE SANTÉ GLOBALE
Malgré
les recommandations internationales, la France n'est pas prête
à développer une politique de prévention de la
santé, y compris par rapport aux risques infectieux
émergents (voir page 116 et 117 de ce rapport)
ni une politique globale de promotion de la santé. Du fait
de l'influence grandissante des grands groupes pharmaceutiques, il
vaudrait d'ailleurs mieux parler d'une industrie de la maladie. La crise de la Covid 19 est révélatrice d'un immense chaos sanitaire.
Il
devient urgent de développer une véritable
politique de promotion de la santé. La promotion de la
santé doit être au coeur de tous les gouvernements (Charte
de Bangkok, 2005). La santé, le bien être et la médecine préventive
doivent être l'objectif de toutes les politiques
(déclaration d'Adélaïde, 2010). Le
problème est encore plus marquant pour l'Europe puisque, si les
textes évoquent l'objectif « d'un niveau élevé de protection de la santé humaine »,
la santé n'est pas une compétence de l'Union
Européenne ! Un exemple parmi d'autres de la discordance entre
les paroles et les actes dans les politiques européennes. Pire,
rappelons que le traité Spinelli prévoyait que l’Union
intervienne dans le domaine de la
politique sociale et de la politique de la santé, y compris pour
la coordination de l’assistance réciproque en cas
d'épidémies. Une voie rejetée par les chefs d'Etat
et de gouvernement au profit d'une politique néo libérale.
Il existe des
déterminants à la santé qui sont des conditions préalables à la santé :
- type de régime politique,
respect des droits individuels, liberté d'expression et de
parole, absence de discriminations, degré de participation des
citoyens aux processus décisionnels,
vivre
dans un pays en paix et sécure avec des relations
apaisées avec ses voisins, lutte contre la corruption, avoir
droit à la justice sociale et
à un traitement équitable...
- modèle et conditions
économiques, accès à l'éducation, emploi, subvenir aux besoins de base, satisfaction professionnelle et/ou sociale
- bénéficier d'un éco-système sain : salubrité du
logement, du lieu de travail, qualité de l'air, de l'eau, de l'alimentation,
degré de pollution
- qualité et accessibilité
du système de santé,
- relations familiales, réseau social et amical, qualité du lieu de résidence,
- pouvoir bénéficier d'activités culturelles, de loisirs, ou spirituelles
- comportements
individuels (habitudes de vie, compétences d'adaptation
personnelle, capacités cognitives...).
Ces aspirations sont partagées par tous les êtres humains.
Si certains déterminants dépendent de
mesures politiques par une intrication des actions au niveau économique,
géopolitique, social, sanitaire et environnemental, d'autres dépendent
d'une participation individuelle : «
La promotion de la santé appuie le développement
individuel et social grâce à l'information, à
l'éducation pour la santé et au perfectionnement des
aptitudes indispensables à la vie. Ce faisant, elle donne aux
gens davantage de possibilité de contrôle de leur propre
santé et de leur environnement et les rend mieux aptes à
faire des choix judicieux. Il est crucial de permettre aux gens
d'apprendre à faire face
à tous les stades de leur vie et à se préparer
à affronter les traumatismes et les maladies chroniques » (Charte d'Ottawa, 1986).
L'état de
santé comporte quatre dimensions : physique, psychologique,
sociale et spirituelle (Charte de Bangkok, 2005). A
côté d'une éducation pour la santé sur
l'approche physique de la santé, il est nécessaire
d'aborder l'aspect psychologique et social. Quant à l'aspect
spirituel, il peut recouvrer ce qui est relatif à l'esprit, le
travail sur son propre esprit, mieux comprendre comment fonctionne
notre esprit, nos dysfonctionnements, les mécanismes de défense qui ont
pu se mettre en place dans l'enfance, comment a pu se construire
une persona, un faux soi. Mais c'est aussi la
quête de sens, le fait de se relier à des valeurs et
à une éthique, de se relier à soi, à sa
nature profonde en se libérant de sa persona, pour devenir ce que l'on est réellement, la
capacité d'être en lien avec soi-même et les autres
dans un respect mutuel et avec le souci de l'autre. C'est aussi la
reliance à la beauté, à la nature (on connait le lien entre écosystèmes et bonheur humain), ou encore aux arts, au sacré, à la transcendance.
Mettre la santé globale au coeur de toutes les politiques induira d'importantes économies de dépenses sociales.
Il y a des obstacles à la promotion de la santé :
Pour
mettre la santé globale (un concept très large qui
dépasse le cadre de la santé, et qu'on peut relier à une écologie qui prendrait en compte
différents systèmes interdépendants, en écho aux trois écologies de Felix Guattari) au coeur de toutes les politiques, il convient donc :
1/ d'organiser une coopération entre une douzaine
d'ensembles à l'échelle de la planète
(régions, pays, ensembles régionaux, sans oublier un
ensemble pour les peuples autochtones) tout en refondant le système économique, financier et monétaire international (santé de l'économie)
3/ de favoriser une
coopération entre les différents ensembles pour la
préservation de l'environnement (santé de l'environnement)
4/ de refonder les systèmes démocratiques (santé du politique)
- établir
un véritable fonctionnement démocratique des institutions
(dont la question de l'information, du pouvoir monétaire et judiciaire)
- établir de
nouveaux indices : pauvreté, éducation, l'indice de croissance vertueuse, l'indice sur les activités polluantes, le
taux du chômage, la croissance de la masse monétaire, inflation, qualité de l’environnement, l'indice de pollution (terre, eau, air, mer), gestion des déchets, le taux
de
morbidité, le taux de délinquance, la consommation de
psychotropes, l'espérance de vie, un indice de
bien-être, un indice de démocratie...
- responsabiliser les politiques quant à l'impact de leurs décisions sur la santé de la population
- rejeter le néo
libéralisme qui met à mal le secteur de la santé
et réduit tout à une dimension économique
- réduire les inégalités socio-économiques
- rejeter
la façon dont l'Europe s'est construite depuis l'Acte
Unique et Maastricht, avec des valeurs purement
économiques, sans politique de promotion de la santé et
dans l'incapacité de préserver la paix sur le continent
à deux reprises
5/ au niveau des politiques de santé (le système de santé) :
- de reconstruire le système de santé en France
- de mettre fin à l'influence
délétère de l'industrie pharmaceutique dont de but
est de faire des profits sur la base des maladies
- de lutter contre les
conflits d'intérêts qui gangrènent la
médecine, voire même le Ministère de la Santé
- de réformer une OMS gangrénée par l'influence d'intérêts privés
- d'encourager les médecins au
partage du savoir (éducation thérapeutique)
- de favoriser
l'intégration de la médecine moderne avec la
médecine traditionnelle (déclaration de Shanghai, 2016)
- de favoriser une meilleure prise en charge des pathologies mentales (comme le dit Ken Wilber, « chaque symptôme névrotique est une crise écologique en miniature »)
- d'enseigner
à l'école ce qu'est être humain (E. Morin) et y
développer les compétences psychosociales (cognitives,
émotionnelles, sociales), pour développer son autonomie
personnelle, avoir une meilleure connaissance de soi et de la relation
à l'autre
- d'intégrer l'interdépendance entre la santé humaine, animale et l'environnement (programme One Health)
- de mettre également les enjeux écologiques au coeur des politiques
- de favoriser une alimentation saine, un modèle agricole sain avec des circuits locaux et courts
- de favoriser l'activité
physique, et en particulier la bicyclette, la marche, et l'utilisation
des transports en commun en milieux urbains
- de favoriser la démocratie participative au travers
de l'action de chacun pour la préservation de l'environnement
comme de sa propre santé physique et psychique. Cet aspect devrait être complété par un autre aspect de la démocratie participative.