CHANGER ET HUMANISER
Une approche psycho-socio-politique pour
comprendre la nouvelle mutation en Europe
27/01/2023
Nous
sommes en France dans une crise totale : sociale, politique,
démocratique, morale, écologique, migratoire, économique,
financière, avec une accélération du processus de
dégradation depuis la crise de la Covid 19 et la guerre en Ukraine.
Quant au bilan de l'Europe, il est catastrophique :
- la participation en 1999 à la guerre contre le Kosovo sans autorisation des Nations Unies,
- l'absence
d'une vision
géopolitique indépendante et
cohérente,
- l'incapacité à nouer des relations
apaisées avec les voisins proches comme la Russie,
- alors que la paix est l'un des objectifs majeurs de l'Union
Européenne, l'incapacité à éviter
deux guerres sur son territoire, en Yougoslavie et en Ukraine (voir les déclarations d'Angela Merkel et de François Hollande),
et, avec la guerre en Ukraine, une Europe prise dans un conflit ouvert
entre deux empires acculés, la Russie étant sous la menace d'un encerclement
par l'OTAN, les Etats-Unis sous la menace d'une dédollarisation du monde,
- l'échec du sacro saint principe de concurrence censé favoriser une baisse des prix,
- le résultat du referendum de 2005 n'a pas
été respecté,
- les européens ont
payé la mauvaise
gestion de la crise financière de 2008...
Avec une perte de ses valeurs morales (deux guerres sur le territoire
européen) et démocratiques, le projet
européen ne fait plus sens. L'Europe
s'étant construite dans l'opacité depuis l'Acte
Unique (1986), on comprend mieux la gestion opaque de la crise de la Covid 19,
une crise qui constitue
le point d'orgue du délitement de l'Europe. L'Europe,
telle qu'elle se construit, est
contraire aux besoins et aux intérêts de la
population. L'abstention, le vote protestataire et le
désinvestissement du travail témoignent d'une sécession des gens ordinaires. L'Europe
n'est pas en capacité d'assurer le
bien-être
de
ses peuples, ni d'assurer son indépendance, en particulier au
niveau géopolitique (elle reste inféodée
aux Etats-Unis qui profitent de la guerre en Ukraine avec en
particulier la vente de gaz de schiste à l'Europe, ce qui
constitue de plus une aberration écologique),
énergétique (les
sanctions prises en 2022 contre la Russie sont contre productives pour les européens), et sanitaire (l'Europe n'assure plus la production de médicaments).
En réalité, il
ne s'agit pas d'une crise, mais bel et bien d'une période de
mutation.
L'Europe
a connu dans son histoire des périodes de
mutation. Ces périodes de
mutation s'inscrivent sur une longue
durée et débouchent sur un changement de paradigme. Nous
sommes à un carrefour avec la possibilité de s'orienter
vers une société profondément inégalitaire,
une société de contrôle, un scientisme et un matérialisme poussés à leur extrême avec le transhumanisme
(l'hypothétique fusion de l'homme avec l'intelligence
artificielle, un projet qui usurpe la notion d'humanisme et cache
en réalité « une gigantesque toile d'intérêts économiques »), ou bien d'avancer vers une humanisation de nos sociétés.
Il
est
donc important de bien comprendre les mutations
précédentes qui ont
traversé l'histoire de l'Europe, pour accompagner au mieux
la période actuelle. La vision jungienne avec
le processus d'individuation servira de fil conducteur
pour la
construction d'un nouveau modèle politique et
démocratique destiné à humaniser nos
sociétés.
Changer et humaniser.
Changer car la gestion catastrophique de la crise de la Covid 19 est révélatrice d'une disparition de la démocratie
Changer les modalités de
la construction européenne car telle qu'elle se construit, l'Europe ne répond pas aux
intérêts des européens
Changer pour retrouver une véritable démocratie en prenant en compte le déroulé des
précédentes mutations dans l'histoire de l'Europe
Changer l'actuel modèle européen pour le mettre en accord avec le fond anthropologique de l'Europe
Changer de paradigme politique, la double démocratie pouvant être une perspective parmi d'autres pour humaniser nos sociétés
Changer, travailler sur soi, sur notre esprit, nos valeurs et nos croyances
Humaniser nos
sociétés, respecter les droits fondamentaux des citoyens,
et l'interdépendance entre l'humain et les
éco-systèmes
Changer
et humaniser
malgré les nombreuses résistances de
l'ancien monde bien décidé à ne rien
lâcher alors qu'il est destiné à disparaitre.
Un programme qui pourrait paraître utopique tant l'ampleur de la tâche est immense et complexe, avec des
enjeux étatiques, financiers, des volontés de puissance,
le risque d'une évolution vers une société de
contrôle et une déshumanisation de nos
sociétés, ou vers un
monde de plus en plus
désorganisé avec des
crises de toutes sortes, de plus en plus nombreuses et de plus en
plus violentes. Faute de s'organiser et d'élaborer un
projet de société qui réponde aux enjeux et aux
besoins des sociétés et des populations, la
société civile européenne (et donc aussi chacun
d'entre nous) laisse à une oligarchie et à une ploutocratie (voire même à une pathocratie)
la liberté de façonner le futur selon des intérêts privés :
- l'hyperlibéralisme s'appuie sur une gouvernance par des règles, avec la disparition de la démocratie et d'un véritable débat politique,
- la pluralité de
l'information ayant disparu, les medias orientent ou confisquent
à leur guise les débats,
- depuis la privatisation des gains
issus de la création monétaire, le système
financier met les Etats sous sa coupe,
- face au risque de transition,
le système financier privilégie un système
économique centré sur les énergies fossiles au
détriment d'une économie verte,
- big pharma est centré sur l'industrie de la maladie et n'a aucun
intérêt à la promotion de la santé,
- l'industrie du
numérique rêve de l'hybridation de l'homme avec la machine
(projet transhumaniste)
- le complexe militaro-industriel n'a aucun intérêt à la préservation de la paix et a besoin d'un modèle de société basé sur le conflit des opposés, entre l'ami et l'ennemi
- une nouvelle forme de servitude s'est ainsi insidieusement mise en place, ce d'autant que l'Europe est sous contrôle de l'OTAN.
Il est temps de s'interroger sur le
bien fondé des politiques menées depuis l'Acte Unique,
pour s'en libérer et favoriser un développement vertueux de nos sociétés.