QUEL BILAN FIN 2023 ?
Nous sommes en France dans une crise totale : politique,
démocratique (avec la disparition des contre-pouvoirs), morale, écologique, migratoire, économique,
financière, sociale avec une accélération du processus de
dégradation depuis les gilets jaunes, puis la crise de la Covid 19 et la guerre en Ukraine
(qui est devenue une guerre entre la Russie et l'OTAN). Et de même que
l'on a assisté à des mensonges (« tous vaccinés, tous protégés » ou encore « les vaccins sont sûrs et efficaces à 95 % »), à
une disparition du débat contradictoire lors de la
crise de la Covid 19 (il faut mener une guerre contre un dangereux
virus censé provoquer 300.000 à 500.000 morts, seule la vaccination de l'ensemble de la population pourra nous
sauver, il n'y pas de discussion possible avec ceux qui ne
suivent pas le discours officiel, ce sont de dangereux complotistes) et
à une propagande pour une solution unique, les
vaccins à ARNm, la France s'est engagée dans une voie unique
avec une propagande de guerre contre la Russie
(la Russie est la seule responsable de la guerre en Ukraine, il n'y a
pas de discussion possible avec Poutine, ce dernier veut envahir l'Europe, la Russie n'adhère pas à
nos valeurs sociales et économiques, elle représente l'axe du mal), et
ce en l'absence d'une analyse et d'un débat démocratique concernant différentes
questions :
- la
complexité d'un pays, l'Ukraine, profondément divisée entre
Occident et Russie (ce qui n'est pas sans rappeler la question
Yougoslave avec la guerre entre la Croatie et la Serbie), avec de
surcroit la présence dans la partie occidentale de l'Ukraine de
factions ultra
nationalistes d'extrême-droite historiquement opposées à la Russie,
- une solution diplomatique pour mettre fin à la guerre (d'après la Turquie
et Israël, certains pays membres de l'OTAN, dont les Etats-Unis, voulaient que la
guerre en Ukraine continue), avec une médiation neutre (ce qui exclut
dans le rôle de médiateur des pays comme la France et l'Allemagne du fait de leur position au sujet des accords de Minsk, le
Royaume-Uni en raison des liens avec les services secrets, et bien sûr les Etats-Unis....), par l'application des accords de Minsk ou encore l'acceptation de la formule Steinmeier qui prévoyait d'apaiser les conflits dans le Donbass en donnant une large autonomie aux régions russophones,
- le soutien militaire à la partie occidentale de l'Ukraine, par la fourniture d'armement, l'importante implication des agences de renseignement américaines (la CIA) depuis 2014, la formation de soldats ukrainiens ou la présence de combattants français,
- quelles sont les responsabilités entre celle de la Russie qui apparait au premier plan avec l'invasion en Ukraine, le néofacisme ukrainien,
la politique agressive de l'OTAN depuis 1999 avec la guerre en Serbie,
les erreurs de Bruxelles
dans les négociations avec l'Ukraine en 2013 (l'Ukraine s'est retrouvée
écartelée entre développer des liens économiques avec la
Russie, ou avec l'Union européenne), l'inaction de l'Europe (France et Allemagne au tout premier plan) pour n'avoir
pas su éviter une nouvelle guerre prévisible après celle en Yougoslavie, le manque d'autonomie de l'Europe face aux Etats-Unis, l'absence de volonté politique pour réformer l'ONU, promouvoir le droit international et la prévention des conflits ?
- quelles sont les motivations de la
Russie : veut-elle envahir et s'emparer de la totalité de l'Ukraine,
veut-elle reconstruire une
logique impériale et coloniale (alors que la Russie a déjà du mal à
peupler l'immensité de son territoire), voire envahir l'Europe (les
forces de l'OTAN sont bien supérieures à celles de la Russie), ou bien
veut-elle protéger
les populations russophones de la partie orientale de l'Ukraine, une
région bombardée par le gouvernement de Kiev depuis 2014, ou enfin
veut-elle garantir
sa sécurité et ne pas être menacée par la présence proche de missiles pointés sur son territoire ?
-
la genèse d'un conflit prévisible depuis le gel des relations entre la Russie et l'OTAN
le 24 mars 1999 suite aux attaques militaires aériennes lancées par
l'OTAN au Kosovo, le retrait en 2002 des Etats-Unis du
traité ABM interdisant les missiles anti-balistiques,
l'expédition américano-britannique en Irak en 2003
(sur le motif fallacieux d'armes de destruction massive), le
renforcement de la coopération entre l'OTAN et l'Ukraine en 2005 puis en 2008 suite à la Charte de partenariat spécifique entre l'OTAN et l'Ukraine de 1997, et au plan d'action OTAN - Ukraine de 2002, la dénonciation de l'encerclement de la Russie par l'OTAN (à comparer à la crise de Cuba en 1962 où les Etats-Unis n'ont pas toléré la présence de missiles soviétiques pointés sur le territoire américain) lors du
discours de V. Poutine à Munich en 2007, le
partenariat stratégique de 2008 entre les Etats-Unis et l'Ukraine, pour aboutir à la déstabilisation de l'Ukraine lors de la révolution de Maidan (avec l'intervention des Etats-Unis), au début du conflit contre la Russie en 2014 selon les propos du secrétaire général de l'OTAN, et les prévisions en 2019 d'une guerre contre la Russie en 2021/2022 par un propre conseiller du président Ukrainien
- le
partenariat oriental
de l'Union européenne de 2008 et l'opportunité d'intégrer, ou non,
l'Ukraine à l'Union européenne étant donné les problèmes de corruption, (voir aussi les Pandora Papers), d'un long passé de trafic d'armes, de la traite des êtres humains, du rôle des partis d'extrême-droite (très minoritaires mais bien utiles pour attiser un sentiment russophobe) dans
la révolution de 2014 à l'origine de la réactivation d'un conflit armé
avec les régions russophones du fait du sentiment anti-russe de ces
partis d'extrême-droite, du doute exprimé en 2010 par le Parlement européen
sur la compatibilité de l'Ukraine avec les valeurs européennes (ce qui
n'a pas empêché une rencontre en 2014 entre la Haute représentante
de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique
de sécurité, et le parti ukrainien d'extrême-droite), de l'inauguration
en 2016 d'une avenue Bandera, de l'année 2019 proclamée « Année de Bandera », de l'inquiétude du G7
en 2019 à propos de la violence des groupes nationalistes
d'extrême-droite dans la société et les élections ukrainiennes, de la réaction polonaise à propos du 114ème anniversaire de la naissance de Bandera, ou encore la présence de symboles nazis sur la ligne de front)...
Quant au bilan de l'Europe, il est catastrophique :
-
l'absence d'une vision géopolitique indépendante et cohérente (à la fin
du XXème siècle, l'Europe a raté l'occasion d'accompagner la troisième mutation
et de contribuer à la construction d'un monde multipolaire), faisant perdre toute crédibilité morale à l'Europe
- l'incapacité à nouer des relations apaisées avec les voisins proches comme la Russie (en voulant convertir la Russie au modèle européen, à ses normes, à la libéralisation des moeurs, ou en voulant lui imposer la globalisation économique, alors que la
Russie a son propre système de valeurs) ou encore la Turquie,
- l'échec d'un rapprochement avec la Russie malgré la signature
d'accords de partenariat, la demande d'intégration de la Russie au sein
du Conseil de l'Europe en 1992, la création d'un conseil de coopération
Nord-Atlantique / Russie en 1991 puis d'un Acte fondateur OTAN / Russie
en 1997, ou plus récemment en 2011 les préconisations d'un rapport rapport du Sénat,
- la participation en 1999 à la guerre en
Yougoslavie sans autorisation des Nations Unies,
- la violation en Europe du droit international, par l'OTAN en Serbie en 1999, bien avant celle de la Russie en
Ukraine en 2022,
- alors que depuis le début du 21ème siècle, des
cultures extérieures s’opposent ouvertement à notre modèle que
les européens ont toujours pris pour LE modèle universel, l'absence de respect de l'identité européenne
qui dénature le projet
européen (du fait de la spécificité de son
identité, l'Europe pouvait être en mesure d'établir des liens
équilibrés avec les Etats-Unis et la Russie, deux pays structurés sur
deux systèmes familiaux opposés), nous conduit au développement
croissant d'un ensemble anti-occidental emmené par la Chine et la Russie, au risque d'un rapprochement militaire entre ces deux puissances et d'un
affrontement avec l'Eurasie,
-
l'incapacité à éviter deux guerres sur son territoire (alors
que la paix est l'un des objectifs majeurs de l'Union
Européenne), en Yougoslavie et en Ukraine (on a au contraire voulu
donner du temps à l'Ukraine pour se renforcer militairement en vue
d'une confrontation future avec la Russie, selon les déclarations d'Angela Merkel et de
François Hollande).
L'Europe aurait
dû tout faire pour pousser l'Ukraine à se libérer de
la corruption, à
se démocratiser, pour que l'Ukraine devienne un Etat neutre
et démilitarisé (comme cela avait été évoqué en 2006) et un pont entre l'Union européenne et la Russie
- avec la guerre en Ukraine, l'Europe est
prise dans un conflit entre deux pays acculés sur des questions existentielles : la Russie est
sous la menace d'un encerclement par l'OTAN, et porte des valeurs différentes de la civilisation occidentale moderne (voir aussi l'interwiev de Dougin par Tucker Carlson) tandis que les Etats-Unis se sentent menacés par l'émergence de la puissance chinoise, l'évolution vers une
dédollarisation du monde, l'effondrement de leur hégémonie et de leur économie (les taux de mortalité
maternelle et
infantile
aux Etats-Unis ne font qu'augmenter), la perte de crédibilité de l'OTAN et de son armement. La Russie ne pouvant envisager de
perdre et les Etats-Unis ne pouvant envisager la perte de leur
hégémonie, on peut ainsi craindre l'entrée dans une troisième guerre mondiale, sans compter de plus avec le développement d'un marché noir de l'armement fourni par les occidentaux à l'Ukraine,
- l'approvisionnement en gaz
de l'Europe auprès de l'Azerbaïdjan, un pays qui a les mains libres
pour mener en 2023 une épuration ethnique contre les arméniens,
- une vassalisation de plus en plus marquée envers les Etats-Unis,
- la construction d'un mur entre l'Europe et la Russie en Finlande,
- une
fracture entre d'un côté des pays de l'Europe de l'Ouest comme
l'Allemagne et la France, même
si ces deux pays sont responsables en partie de l'échec des accords de
Minsk, et de l'autre côté une Pologne soutenue depuis les années 1990
par les Etats-Unis (qui soutiennent l'initiative des trois mers pour « affaiblir les relations entre l’UE et la Russie, menacer le projet de
gazoduc germano-russe Nord Stream et renforcer les exportations
américaines de gaz de schiste vers l’Europe centrale ») et prête à pousser à l'internationalisation du conflit contre la Russie,
-
les élargissements successifs ont été menés sans approfondissement
préalable des institutions européennes,
-
l'échec du sacro saint principe de
concurrence censé favoriser une baisse des prix,
-
le résultat du referendum de 2005 sur le TCE (Traité établissant une
constitution pour l'Europe) n'a pas été respecté,
-
les européens ont payé la mauvaise gestion de la crise financière
de 2008 (une crise dont les racines n'ont pas été ensuite traitées),
ils payent la mauvaise gestion de la crise de la Covid 19, et ils
payent les conséquences économiques de la mauvaise gestion diplomatique
de la crise Ukrainienne,
- l'écart de richesse entre l'Europe et les Etats-Unis ne cesse de se creuser depuis le début des années 1980, un article de Jean-Paul Fitoussi de 2004
notait que les performances économiques de la zone euro ont été parmi
les plus médiocres du monde entre 1990 et 2004, la zone euro était
officiellement en récession au premier trimestre 2023...
- une envolée des déficits budgétaires depuis la crise de la Covid 19, le coût faramineux du retrait des grands groupes européens de Russie, une inflation des dépenses militaires, des conséquences financières monumentales si l'Ukraine devait rejoindre l'Union européenne (voir également cet article) avec l'emprise déjà programmée des multinationales pour la reconstruction de l'Ukraine.
Avec une perte de ses valeurs morales (deux guerres sur le territoire européen, une explosion des dépenses militaires qui va alimenter l'inflation), une perte de crédibilité au niveau international, un déficit démocratique patent,
une désinformation généralisée, le projet européen ne fait plus sens. L'Europe s'étant construite
dans l'opacité depuis 1984, on comprend mieux la
gestion opaque de la crise de la Covid 19, une crise qui
constitue le point d'orgue du délitement de l'Europe. L'Europe, telle
qu'elle se construit, est contraire aux besoins et aux intérêts de la population. L'abstention, le vote protestataire et le désinvestissement du travail témoignent d'une
sécession des gens ordinaires.
L'Europe n'est pas en capacité d'assurer le bien-être de ses
peuples, ni d'assurer son indépendance. Au niveau géopolitique,
elle reste inféodée aux Etats-Unis qui profitent de la guerre
en Ukraine (cela affaiblit l'Europe, dope l'industrie américaine de
l'armement et la vente de gaz de schiste à l'Europe après la destruction du gazoduc...). Au
niveau énergétique, les sanctions prises en 2022 contre la
Russie sont non seulement inefficaces
(y compris pour le pétrole)
mais de plus contre productives pour les européens, et catastrophiques
au niveau mondial du fait des risques de pénurie alimentaire, et donc
de migration de populations. Au
niveau sanitaire, l'Europe n'assure plus la production de
médicaments.
L'Europe est en plein déclin, victime d'une destruction planifiée et
sous la menace d'un effondrement, avec une montée en puissance d'un
sentiment anti-occidental au niveau mondial, un Occident qui perd toute crédibilité. Ce qui pose la question
de la responsabilité du personnel politique au pouvoir depuis les années 1980. L'incompétence ou les
erreurs ne peuvent pas tout expliquer, puisque les mêmes politiques
sont menées depuis l'Acte Unique sans la moindre remise en question.
Reste le choix entre corruption, ploutocratie et
système pathocratique,
avec une probable combinaison de ces différents facteurs, ce qui semble
d'autant plus cohérent si l'on considère les analogies que l'on
retrouve dans la gestion de la construction européenne depuis 1984
comme dans la crise de la Covid 19. Une telle dégradation des valeurs
morales et de l'éthique est à mettre en lien avec la perte
des besoins spirituels.
Si le bilan européen est catastrophique pour les peuples européens,
c'est par contre une grande réussite du point de vue de la ploutocratie
et du système pathocratique qui sont aux commandes, qui organisent
une désinformation digne de la pravda à l'époque soviétique, et
engagent l'Europe dans des guerres. Faire croire que la Russie (censée être «
l'axe du mal
»)
aurait
la volonté d'envahir l'Europe (un modèle soi-disant vertueux alors qu'il est en pleine
décomposition morale) semble être le seul argument pour tenter
de justifier une fuite en avant dans un fédéralisme européen
centralisateur et autoritaire. En réalité, comme le souligne le rapport du Sénat
de 2011, l'Europe avait tout intérêt à développer des liens de coopération
avec la Russie (des liens bien plus importants que ceux avec l'Ukraine).
Faute de s'organiser et
d'élaborer un projet de société qui réponde aux enjeux et aux besoins
des sociétés et des populations, la société civile européenne (et donc
aussi chacun d'entre nous) laisse à des pouvoirs prédateurs, à une oligarchie, à une
ploutocratie et à une pathocratie la
liberté de façonner le futur selon des intérêts privés dans le
cadre d'une globalisation économique à l'anglo-saxonne :
- l'hyperlibéralisme s'appuie sur une
gouvernance
par des règles, avec la disparition de la démocratie et de tout débat,
- la pluralité de l'information ayant disparu, les medias orientent ou confisquent à leur guise les débats,
- les Etats sont sous la coupe des marchés financiers
depuis la privatisation des gains issus de la création monétaire (1973),
- face au
risque de transition,
le système financier privilégie un système économique centré sur les
énergies fossiles au détriment d'une économie verte,
- big pharma est centré sur l'industrie de la maladie et n'a aucun intérêt à la
promotion de la santé,
- l'industrie du numérique rêve de l'hybridation de l'homme avec la machine (projet transhumaniste),
-
le complexe militaro-industriel n'a aucun intérêt à la préservation de
la paix (avec la guerre contre la Russie, les Etats-Unis ont ainsi
renouvelé leur matériel obsolète) et a besoin d'un modèle de société
basé sur le conflit des opposés, (modèle anglo-saxon contre Russie, modèle matérialiste occidental contre intégrisme islamique), entre les
bons et les méchants
- une nouvelle forme de
servitude
s'est ainsi mise en place, ce d'autant que l'Europe est
sous contrôle de l'OTAN,
-
l'effondrement économique en cours, la création artificielle de la dette (depuis 1973 jusqu'au « quoi qu'il en coûte », tant
pour la gestion de la crise de la Covid 19 que pour le financement de
la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, une dette de 1200
milliards d'euros en 2007 pour passer à 3000 milliards d'euros en 2023,
au-delà des critères de Maastricht), la répression des mouvements sociaux (gilets jaunes), la gestion par la peur de la
crise de la Covid 19 avec les confinements et la disparition du libre
consentement, puis la gestion de la guerre en Ukraine par la France et l'Europe annoncent la disparition de la
démocratie, l'évolution vers une société de contrôle et un régime autoritaire.