LA FAMILLE NUCLÉAIRE ABSOLUE

On la retrouve dans le monde anglo-saxon, en Grande Bretagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Norvège (et en dehors de l’Europe, aux Etats-Unis ou en Australie). Elle est de type libéral, ni vraiment égalitaire ou inégalitaire par principe (ce qui la différencie donc de la famille nucléaire égalitaire). On retrouve les valeurs de liberté et l’indifférence à la notion d’égalité au niveau religieux. L’Anglicanisme rejette la hiérarchie cléricale (comme dans tout système réformé). Si les hommes restent inégaux devant le salut, l’autorité divine est amoindrie pour laisser davantage de liberté et de libre arbitre.

Au niveau économique, elle favorise le libéralisme économique (avec une méfiance vis-à-vis de l’Etat) et l’industrialisation (la révolution industrielle a pris naissance sur ce terrain). Son idéal de liberté accepte les différences entre les hommes mais il peut dévier vers des formes d’apartheid, habituellement de façon non violente. Elle a ainsi tendance à engendrer des inégalités. Le Royaume-Uni est le pays le plus inégalitaire d’Europe occidentale. L’Angleterre a donné naissance au Malthusianisme au nom duquel il faut limiter les populations des pays « sous-développés ». Le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont les pays européens dont la législation est la plus « libérale » en ce qui concerne l’avortement. L’euthanasie est largement pratiquée aux Pays-Bas. Elle est tolérée au Danemark. Le gouvernement britannique a également entrouvert la voie à l’euthanasie médicale (tout comme bien sûr les Etats-Unis et l’Australie).

Au niveau politique, elle oscille entre l’isolationnisme, pour ne pas être entachée des impuretés des autres peuples, et le messianisme, afin d’imposer son modèle au travers de la construction d’empires coloniaux, parfois au prix d’une guerre biblique contre le « mal ». Le rapport à l’autre est ni vraiment égalitaire, ni vraiment inégalitaire. Il y a nous, les alliés, et les autres (« l’axe du mal »), un autre différent, inassimilable. Sous Georges W. Bush, cette vision messianique et « civilisatrice » est régulièrement avancée afin d’imposer au monde une certaine idéologie économique. Depuis leur création, les Etats-Unis sont une terre élue par Dieu. Ces valeurs religieuses messianiques et intégristes apparaissent au grand jour depuis le 11 septembre 2001 au sein de l’administration américaine, dont la plupart des membres sont par ailleurs issus des milieux liés au pétrole ou à l’armement. Ces néo-conservateurs se réclament de Leo Strauss et de Carl Schmitt, tous deux bien connus pour leur idéologie fasciste.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979 et de Ronald Reagan en 1980, les pays anglo-saxons ont engagé une déréglementation bancaire et financière qui a conduit à une économie de marchés financiers où la limitation des prérogatives de l’Etat a détruit les systèmes de planification ainsi que les systèmes de protection sociale et d’éducation. Ce « capitalisme financier » prône la réussite individuelle, la recherche du profit, et autorise des bénéfices « non gagnés » (au sens de Maurice Allais) par la rentabilisation de capitaux à court terme pour favoriser des gains spéculatifs. Tous les investissements sont utilisés dans des activités à rendement rapide ou dans les services financiers. C’est ainsi que l’activité bancaire est liée à la finance et privilégie les bénéfices à court terme. La maximisation du profit compte davantage que la pérennité de l’entreprise. Par ailleurs, la valorisation du court terme s’oppose au développement des investissements, de la créativité, de l’innovation et de la recherche. Cette idéologie conduit à un Etat minimum (ultra-libéralisme) ou à un Etat centralisé dirigé par une oligarchie (ordo-libéralisme), à l’augmentation de l’écart des revenus, au délabrement des structures sociales et à la disparition des valeurs éthiques, laissant le champ libre à la corruption et aux intérêts privés. Derrière la déréglementation de la finance et le néolibéralisme se trouve la volonté de puissance. Tout ceci est en corrélation avec l’exacerbation du principe de liberté attaché à la famille nucléaire absolue.

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